« Ils avaient les mains liées... de jeunes enfants... nous les avons vus partout. Il y avait un homme âgé qui avait été tué sur la route, un homme de 80 ans environ. Et les jeunes enfants qu’ils ont tués dans la rue en plein air. Je n’ai jamais vu un massacre comme celui-ci et je ne veux plus en voir. Nous n’avons survécu que par la grâce de Dieu. »
CNN a publié une enquête au titre pour le moins révélateur de la tragique situation humanitaire au Tigré, « Massacre dans les montagnes. Ils pensaient être en sécurité dans une église. Puis les soldats sont arrivés » Ce texte, qui fait écho au rapport publié par Amnesty International, laisse entendre la voix de douze témoins oculaires et de plus de vingt proches de survivants.
Parmi eux, celui qui se fait appeler Abraham, et reste dans l’anonymat pour des raisons de sécurité. Il raconte les trois jours de chaos qui ont commencé le 30 novembre à Aksoum. Alors que des dizaines de fidèles se préparaient à une grande cérémonie orthodoxe dans l’église Sainte-Marie-de-Sion, des soldats érythréens ont ouvert le feu.
Nous apprenons alors qu’au côté « des prêtres, des vieillards, des femmes, des familles entières », une vingtaine d’enfants de l’école du dimanche ont été mis à mort.
Le 2 décembre, Abraham a fait partie des survivants qui ont enfin été autorisés à enterrer les victimes. Il a reconnu certains des enfants. Originaires d’Edaga Hamus comme lui, ils avaient quitté ce village deux semaines avant pour fuir les conflits. Abraham a enterré les corps du matin à la tombée de la nuit.
L’homme a récupéré les cartes d’identité dans les poches des enfants, a pris des notes détaillées sur leur coiffure, leurs vêtements. Il a recouvert leurs dépouilles de terre et de branches puis a déposé leur chaussure au-dessus, dans l’espoir de pouvoir les identifier quand il reviendrait avec leurs familles.
Abraham dit avoir enterré 50 personnes ce jour-là avant d’ajouter :
« Ils avaient les mains liées... de jeunes enfants... nous les avons vus partout. Il y avait un homme âgé qui avait été tué sur la route, un homme de 80 ans environ. Et les jeunes enfants qu’ils ont tués dans la rue en plein air. Je n’ai jamais vu un massacre comme celui-ci et je ne veux plus en voir. Nous n’avons survécu que par la grâce de Dieu. »
M.C.
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